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8 Juillet 2025

PORTRAIT JEAN-CHRISTOPHE SABOURIN

Clinisys

By Aurélie Bonnaz

Jean-Christophe Sabourin est de ces personnes avec qui on a envie de passer du temps tellement sa passion pour l’anatomo-pa- thologie l’anime. Il est le chef du pôle biologie, pathologie, physiologie au CHU Rouen (et utilisateur du logiciel de gestion de laboratoire Clinisys DaVinci).

Faire avancer l’anatomo-pathologie, une évidence

Depuis ses études de médecine à Paris, suivies de son internat d’anatomie cyto- logique à Paris, avec un stage à l’Institut Gustave Roussy, puis en tant qu’assis- tant hospitalier universitaire à l’hôpital Henri Mondor, Jean-Christophe Sabou- rin se démarque par son goût prononcé pour l’innovation. A l’issue de son assis- tanat, c’est à l’institut Gustave Roussy de Villejuif qu’il décide de continuer sa carrière, ayant été séduit par la moder- nité de l’organisation d’un centre de lutte contre le cancer et par les interactions fortes que les pathologistes avaient avec les cliniciens au sein des comités (ancêtres et précurseurs des RCP). Pen- dant près de 10 années, il y exerce des fonctions de pathologiste, avec des ac- tivités de cancérologie digestive et gy- nécologique principalement. Petit détour au centre René Huguenin (aujourd’hui fusionné avec l’Institut Curie) dans lequel il a la responsabilité du service… pour fi- nalement retourner à Gustave Roussy en tant que chef d’unité. Son goût pour la Recherche et l’Enseignement le pousse à se lancer dans une carrière hospita- lo-universitaire. C’est le CHU Rouen qui retiendra son attention. CHU à fort po- tentiel avec un bâtiment important en anatomo-pathologie, une équipe consé- quente et une forte activité l’ont conduit à y rester… jusqu’à présent ! Et pourquoi l’anatomo-pathologie ? Parce que c’est une discipline médicale et également biologique.« L’anatomie et cytologie pa- thologique (la pathologie) est une disci- pline médicale vraiment à l’interaction de la biologie et de la clinique. La patholo- gie nous permet de mieux comprendre les processus des maladies et notre rôle dans l’établissement du diagnostic est crucial pour la bonne prise en charge des patients. Le pathologiste est vraiment au cœur de la médecine de précision.

La pathologie moléculaire, son domaine de prédilection

Convaincu des bienfaits applicatifs et des apports médicaux de la biologie mo- léculaire à l’activité tout entière d’anato- mo-pathologie, une évidence!, il lui ap- parut comme nécessaire de créer un EPU (Enseignement Post Universitaire) de pa- thologie moléculaire. Ce qu’il fit en 2010. Devenu depuis l’EPU de « médecine de décision, médecine de précision », ce sont une vingtaine de participants, désireux d’enrichir leurs pratiques, qui y assistent chaque année.

Notons également sa participation au ni- veau national, au DU de pathologie molé- culaire, comme enseignant… sans oublier son implication au niveau national, en tant que président du Conseil National Profes- sionnel des Pathologistes (CNPath), au niveau européen en tant que membre du Council de la société européenne de pa- thologie (ESP).

En parallèle de ses activités de chef de pôle au CHU Rouen, c’est au niveau de l’Europe qu’il souhaite renforcer sa présence : les interactions avec ses confrères européens le passionnent et dessinent l’avenir de la profession.

Vers l’image parfaite ?

Il est l’un des premiers en France à avoir été convaincu de l’intérêt de numériser les lames, il rappelle que «l’anapath a été longtemps très manuelle, cela entretenait des pratiques différentes dans les labo- ratoires. Il n’y avait pas assez de standar- disation. Il est nécessaire d’arriver à une standardisation pour avoir des résultats qui soient reproductibles. L’immunohis- tochimie est cruciale et la pathologie moléculaire aussi. Avec la pathologie nu- mérique (également appelée pathologie digitale), avoir une technique de colora- tion parfaite et reproductible est indispensable.

Vers une discipline plus automatisée Le CHU ROUEN ? L’un des 2 premiers la- boratoires à utiliser l’Autotec de Sakura (système d’enrobage automatisé) il y a déjà plus de 10 ans. Depuis, c’est le robot SmartConnect qui a fait son entrée dans l’équipe, au cours de l’été 2023, pour sou- lager les actes répétitifs des équipes et qu’elles puissent se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. Le fu- tur ? Il pense déjà au système de coupe automatique des lames… quand les ren- dements seront plus performants.

Transmettre et accompagner : ses fon- damentaux

La création de l’EPU de pathologie molé- culaire, sa participation au DU de patho- logie moléculaire, sa fonction première de professeur d’université en Pathologie, ses postes de chef de service, (ancien) président de la Société Française de Pathologie et de Carrefour Pathologie (le congrès national de la discipline), di- recteur de thèse, chercheur, et son rôle de chef de service d’une équipe de 70 personnes, témoignent de son envie de transmettre, d’accompagner, de parta- ger. Accessible pour ses collègues, ses confrères, on le sollicite, on l’invite, on le questionne et il est là.

Enseignant en pathologie au 1er cycle de médecine, il fait découvrir l’histologie et la pathologie, puis en Master, il permet à des étudiants plus aguerris de com- prendre l’importance de la pathologie. Autre et vaste sujet, celui d’embarquer ses équipes quand on a le goût de l’inno- vation. En effet, le choix d’automatiser les plateaux techniques du CHU transforme aussi le travail quotidien des équipes, des techniciens notamment. C’est une véritable conduite du changement qu’il a donc lancée, avec la cadre de san- té du service : un travail d’appropriation des nouveaux outils, jusqu’à repenser le quotidien de l’équipe pour aller vers des travaux à plus forte valeur ajoutée ou des nouvelles tâches, dans un contexte où le nombre de cas ne cesse d’augmenter.

Attirer les médecins pathologistes

La modernisation de l’anatomo-patholo- gie crée également de l’attractivité pour les jeunes, ce qui se ressent sur le nombre d’internes en pathologie d’une part et travailler sur des équipements de pointe aide (automatisation)! Mais cela a un im- pact également sur l’attractivité même de la France à faire venir des médecins de l’étranger. Sujet qui a également sus- cité son intérêt puisqu’il est président de la commission nationale qui examine les candidatures de médecins étrangers (16 postes de pathologistes ont été ouvert en France en 2024).